Grâce à la mise en place de mesures de protection, la population d’ours bruns augmente à travers le monde. Cela accentue le risque de conflits avec les humains, poussant les autorités à faciliter à nouveau leur chasse. Canada, Japon… La marche arrière semble enclenchée.
L'Ours Brun grandit… Mais cela risque de ne pas durer. Présents sur quatre continents (Amérique du Nord, Europe, Asie et Afrique du Nord) il y a quelques siècles, les ours bruns (Ursus arctos), ont progressivement disparu de la surface de la planète. Au point que des mesures de protection ont été mises en place, à partir des années 1970, et qu’ils figurent sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN.
En Europe, une directive de l’Union européenne prévoit leur protection depuis 1992 et des plans de réintroduction ont été mis en place, notamment en France.
Dans la province d’Alberta, dans l’Ouest canadien, la chasse a été interdite en 2006 et l’espèce classée menacée en 2010, ce qui a permis de faire remonter la population de moins de 700 individus en 2004 à plus de 1100 en 2023.
200 000 ours bruns dans le monde
Aujourd’hui, on dénombre environ 200 000 ours bruns dans le monde, dans une quarantaine de pays : dans le Nord-Ouest américain, au Canada et en Alaska, en Russie et en Asie du nord-est, dont au Japon, et en Europe centrale et orientale.
Positive pour l’environnement et la biodiversité, cette augmentation du nombre d’ursidés entre en conflit avec l’accroissement de la population humaine, l’urbanisation et la destruction de leurs habitats. De plus en plus d’incidents entre ours bruns et humains ont lieu, ce qui inquiète pour la sécurité des personnes, des récoltes et du bétail.
La chasse comme moyen de gestion
En réaction, les autorités des territoires concernés se tournent vers la chasse comme moyen de gestion.
Ainsi, le 17 juin 2024, le ministre de la Foresterie et des Parcs de la province d’Alberta, au Canada, a pris un arrêté autorisant la chasse en cas de conflit ou de présence d’un ours dans une zone de préoccupation
, après 18 ans d’interdiction.
Sur l’île d’Hokkaido, au Japon, le nombre d’ours a doublé depuis 1990, atteignant 12 000 individus, et ils s’aventurent de plus en plus dans les zones peuplées.
La chasse n’y est pas interdite par la législation en vigueur, mais les chasseurs ne peuvent tirer qu’avec l’autorisation d’un officier de police. Face aux 219 attaques, dont 6 fatales, recensées depuis le début de l’année, le gouvernement souhaite rendre la chasse à l’ours plus aisée. La ville de Naie cherche même à employer des chasseurs pour protéger ses habitants.
En Europe, les ours bruns sont protégés mais certains pays disposent d’une dérogation, car la chasse à l’ursidé y est une tradition. En Roumanie, pays qui concentre la plus grande population d’ours du continent, mais aussi en Slovénie ou encore en Croatie, des quotas régulent la chasse chaque année. Les débats pour l’ouvrir plus largement y sont néanmoins fréquents, notamment en Slovaquie, là encore du fait de nombreux accidents.