7 févr.

Il y a 125 000 ans, l'Homme de Néandertal chassait l'éléphant en Allemagne

Dans le cadre d’une étude parue récemment dans la revue Science Advances, une équipe internationale de chercheurs a eu la chance d’étudier de nombreux squelettes d’animaux chassés par l’Homme de Néandertal il y a de ça 125 000 ans. Le tableau de chasse comporte notamment plusieurs dizaines de squelettes d’éléphants adultes de l’espèce Palaeoloxodon antiquus.

Hauts de plus de 4 mètres et lourds de 13 tonnes, ces mastodontes étaient plus imposants encore que les spécimens les plus impressionnants de nos éléphants d’Afrique modernes et étaient dotés de défenses massives qui décourageraient même le plus aguerri des chasseurs.

Cependant, les squelettes retrouvés présentent tous des traces claires de découpage de la viande, ce qui indiquerait que l’Homme de Néandertal était tout à fait capable de s’attaquer à un tel goliath.

« Quand on ne trouve qu’un seul squelette, la présence de traces de coupures à tel ou tel endroit sur un os peut être un simple hasard », explique Sabine Gaudzinski-Windheuser, archéologue au centre de recherches archéologiques de Monrepos et autrice de l’étude. « Mais lorsque l’on en a autant que sur ce site, on ne peut que confirmer, encore et encore, que leur présence n’est pas le fruit du hasard. »

Pour rassembler ces preuves, les archéologues s’intéressent plus particulièrement aux restes d’animaux dont regorgent les lieux de vie des Néandertaliens. En étudiant la nature de ces os ainsi que les traces des éventuelles transformations, ils sont alors capables de déterminer de nombreux détails sur le type d’animaux chassés, mais également de déduire des informations sur les méthodes de chasse, et sur la structure et le fonctionnement des groupes.

 

 

COMMENT FAIRE TOMBER UN GÉANT

Retrouvés sur les sites de Neumark-Nord 1 et 2, en Allemagne, les squelettes étaient conservés dans des dépôts sédimentaires appartenant à un ancien lac. Le lieu, autrefois exploité comme une mine, a ensuite été reconverti en site de fouilles.

En plus des squelettes d’éléphants, les archéologues ont également retrouvé plusieurs dizaines de restes d’animaux différents, tels que des cerfs, des chevaux, ou encore des rhinocéros. Les cerfs présentaient de claires traces d’exploitation. La période de dépôt correspondant à celles des éléphants, les archéologues ont décidé de chercher de telles traces sur les squelettes de ces derniers.

« Dans le cas de Neumark-Nord 2, les os ou les carcasses furent déplacés à cet endroit après avoir été chassés aux alentours », explique Gaudzinski-Windheuser. « Pour Neumark-Nord 1, c’est complètement différent. Les animaux y étaient mis à mort et étaient laissés sur place, parce qu’il n’était pas possible de déplacer une carcasse de 13 tonnes. »

Si les méthodes de chasse utilisées par les Néandertaliens sont encore inconnues des archéologues, des recherches ethnographiques ont permis d’observer plusieurs parallèles.

« La collaboration de plusieurs personnes et l’utilisation d’un piège sont nécessaires. C’est une opération très dangereuse, mais ce n’est pas impossible. Ce sont surtout les individus mâles, qui ne sont pas membres de grandes hardes. Ils sont solitaires et très gros, ce sont les proies les plus imposantes que l’on pouvait abattre à l’époque. »

D’autres sites ont également donné lieu à la découverte de certaines armes qui auraient pu être utilisées pour cette chasse. Une lance de bois logée entre les côtes d’un squelette de Palaeoloxon antiquus a par exemple été retrouvée sur le site archéologique de Lehringen.

« Jusqu’à la publication de cette étude, il y avait toujours des débats pour savoir si les éléphants et les mammouths étaient réellement chassés, ou si les hominidés tiraient parti d’animaux déjà morts ou mourants. »

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