12 mars
Afrique du Sud : il y a 7 000 ans, les chasseurs
Selon une étude menée en Afrique du Sud, l’analyse d’artefacts a révélé la présence d’un mélange complexe de poison à base de plantes. Or, cette mixture complexe était appliquée sur les pointes de flèches de chasseurs qui vivaient dans l’actuelle Afrique du Sud il y a environ 7 000 ans.
Une substance analysée 40 ans après sa découverte
Découverte en 1956, la grotte Kruger au nord-est de l’Afrique du Sud servait d’abri à l’époque préhistorique et fait partie des plus anciennes grottes connues à ce jour. En 1983, des chercheurs y ont découvert de nombreux artefacts, dont un fémur d’antilope qui contenait trois pointes de flèche en os et les restes d’une substance toxique étrange. Des paléontologues de l’Université de Johannesburg (Afrique du Sud) ont procédé à une analyse de cette substance et les résultats ont été publiés dans la revue iScience en novembre 2024.
Ces tests ont été effectués après de nouvelles fouilles en 2022. Les chercheurs ont alors décidé de réexaminer les substances retrouvées quarante ans plus tôt et notamment, celle se trouvant dans le fémur d’antilope. Or à l’époque, les images radiographiques de l’artefact étaient de piètre qualité. Cette fois, les scientifiques ont fait appel à la microtomodensitométrie (micro-CT).
L’analyse des composants chimiques de la substance a révélé la présence de deux glycosides : la digitoxine et la strophanthidine. Ces dernières entraient dans la composition de poisons pour la chasse à l’arc il y a des dizaines de milliers d’années. En effet, ces substances peuvent perturber le fonctionnement du muscle cardiaque. Par ailleurs, les chercheurs ont découvert de l’acide ricinoléique, un composé qui se forme lorsque la ricine, une substance hautement toxique, se décompose sous l’effet de l’oxygène.
La plus ancienne preuve d’un tel mélange
L’étude a également révélé que ces composés organiques ainsi que d’autres identifiés ne proviennent pas des mêmes plantes. Autrement dit, il semble que les chasseurs de l’époque aient combiné plusieurs ingrédients pour élaborer leur poison. De plus, aucune espèce de plante contenant de la digitoxine et de la strophanthidine ne poussait aux environs de la grotte Kruger. Ainsi, les chasseurs ont certainement effectué des déplacements sur de longues distances pour obtenir ces substances.
Enfin, de nombreuses découvertes ont déjà prouvé par le passé des usages plus anciens de poisons naturels sur les armes de chasseurs en Afrique, mais également en Europe. En revanche, la découverte des chercheurs sud-africains a révélé la plus ancienne preuve d’un mélange de deux ou plusieurs toxines végétales appliquées spécifiquement sur des pointes de flèche.