15 juil.

Débat ouvert : pourquoi autoriser la chasse au trophée ?

chasse au trophée

news L’autorisation de chasser le lion en Zambie fait parler d’elle. Christine Sourd, Directrice adjointe en charge de la biodiversité au WWF, donne son point de vue sur la chasse au trophée.
 

Safari autorisé en Zambie


Le nombre de gros gibiers rares abattus a doublé entre les années 1999 et 2008. La colère des associations protectrices des animaux monte contre les chasseurs de trophée. Ces associations tirent la sonnette d’alarme et attirent l’attention du grand nombre sur la réduction de la population féline sur le continent africain. Pourtant, la nouvelle est tombée : Cet été en Zambie, les chasseurs ont de nouveau le droit de capturer le lion et le léopard. En somme, la chasse Afrique autorise le safari, expédition de chasse aux gros animaux sauvages, dans ce pays. Cette nouvelle soulève le débat suivant : une telle décision ne représente-t-elle pas un crime contre des espèces protégées telles que le lion, ou bien, cela peut être considéré comme une chasse au trophée, et donc, autorisée ? Toutefois, crime ou chasse au trophée, il n’y a pas beaucoup de différence.
 

La chasse au trophée : une rentrée d’argent considérable pour préserver la nature


Si l’on prend l’exemple de la chasse affût à l’ours dans les Carpates, en Europe centrale, le prix chasse s’élève à 35 000 €. L’argent récolté est utilisé pour financer la préservation et la gestion des réserves naturelles du pays. Une partie est utilisée pour rémunérer les habitants vivant aux alentours des parcs. Ainsi, la chasse au trophée fournit aux institutions nationales de conservation d’importantes ressources financières pour préserver la nature. La Directrice adjointe en charge de la biodiversité au WWF de justifier ce moyen de financement en ajoutant l’intervention des recherches scientifiques pour évaluer les limites de la pratique : « Toute la question est de savoir si la chasse au trophée est une menace ou un atout pour la construction nationale de la faune. La légitimation de la chasse en matière de conservation est sans cesse en évolution et s’appuie sur des études scientifiques qui évaluent les limites de cette méthode dans le monde. 
 

Les peines encourues en cas d’abattage d’une espèce protégée


Elles sont différentes selon les pays. En France, si un chasseur vient à abattre un animal classé parmi les espèces protégées, il est probable qu’il s’acquitte seulement d’une amende, et en plus, pas sur le champ. La procédure passe par le tribunal. L’infraction doit en effet être reconnue par le juge. La peine est donc estimée beaucoup moins sévère en France qu’en Chine, pays où un chasseur qui venait à tuer un panda pouvait payer le prix par une peine de mort. Heureusement que cela a changé depuis. Actuellement, celui qui abat un panda risque une incarcération d’environ 10 ans. La réglementation est donc différente d’un pays à l’autre.
 

Une réglementation différenciée pour chaque pays


Christine Sourd affirme qu’il appartient au gouvernement de chaque pays d’encadrer la chasse sur son territoire. La Directrice adjointe de la Biodiversité du World WildLife Fund de France explique : « Les lois nationales sur la chasse sont déterminées par l’abondance, la rareté et la période de reproduction des animaux, qui varient d’un pays à l’autre. » Pour argumenter ses propos, elle donne un exemple :
Selon l’arrêté du 23 avril 2007, l’ours est en France une espèce protégée, parce qu’il n’en reste plus que 35. Donc, il est interdit de le capturer mort. En ex-Yougoslavie, c’est tout à fait différent. La population atteint les 5 000 têtes. La chasse à l’ours y est donc autorisée.
En règle générale, le nombre d’animaux qu’on peut abattre dans une durée déterminée ne doit pas dépasser le nombre de ces mêmes animaux morts naturellement.
 

Juxtaposition des lois internationales, européennes et nationales


Par extension, si un animal peut être légalement chassé dans un pays, il ne peut être exporté dans un autre. La chasse Canada autorise l’abattage des phoques dans le but de récupérer la peau, mais il est interdit d’exporter ces bêtes en Europe. Les lois nationales se juxtaposent aux lois internationales, et bien entendu, aux lois européennes, protégeant ainsi toutes les espèces migratrices, y compris les oiseaux migrateurs. C’est dans ce contexte que, d’après le rapport du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), les compagnies aériennes Emirates SkyCargo et South African Airways proscrivent le transport de trophées de certains animaux chasse comme le tigre, l’éléphant, le lion et le rhinocéros, mais alors, qu’en est-il du braconnage qui, il y a quatre ans, a fait en Thaïlande l’objet d’une grosse saisie de 4 T de défenses d’éléphants et de cornes de rhinocéros ?
 

Étroite frontière entre braconnage et chasse au trophée ?


Le braconnage diminue, mais le prix des produits issus de cette pratique augmente considérablement. Le chiffre d’affaires annuel généré par le trafic illégal d’animaux sauvages est estimé dans la plage de 7,8 à 10 milliards de dollars. Pourtant, le rapport du WWF établi en 2012 précise bien : « Le quatrième commerce international illégal juste après celui des stupéfiants, de la traite des êtres humains et des produits contrefaits », c’est le braconnage. C’est, en d’autres termes, le fait d’abattre les animaux dans le but d’en faire du commerce.
Pour conclure, l’on juge que le braconnage risque de se confondre à la chasse au trophée qui, rappelons-le, permet la capture à mort des gros gibiers rares comme la girafe, le daim et le lion, mais avec, comme enjeu, une importante somme d’argent.

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